Ce fût la deuxième moitié du mois de décembre dernier. L´hiver venait de poser ses premiers jalons. La neige, agglutinée le long de la route asphaltée, en gros tas, amassée en bloc sur le sol. Tel un tapis blanc qui couvre tout le pays. Il y en avait même sur les arbres. La température oscillait entre moins cinq degré et moins quinze en dehors du véhicule qui nous conduisait.
La progression vers de nouveaux lieux inconnus, laissait en nous un film long métrage avec des mêmes personnages dans des scènes différentes. La fatigue et le soleil étaient devenus l`affaire des enfants et des faibles. Nous descendîmes enfin du confortable car qui nous amenait de Malmö, après une nuit et demie de route vers le nouveau monde: Vilhelmina, plus ou moins 800km au nord de la Capitale suédoise Stockholm.
Sortir du bus donnait l`image d`un enfant qui vient au monde, qui commence sa vie. C'en fût exactement un, car il faut tout réapprendre. Le climat rude en hiver, la cuisine et les habitudes culinaires, la cohabitation avec des personnes inconnues, l`Ecole SFI (Svenska for Invendrare), Ecole pour immigrants en français, la propreté de la maison et tout le milieu avec les poubelles appropriées, la langue, les changements d`horaire, finalement toute la vie. C`est tout cela les grands chapitres de la nouvelle Grande leçon.
Prendre la neige dans les mains, la palper, la malaxer, ce fût la toute première découverte. Nous étions habitués à la voir à la télé ou dans les journaux, du moins pour la plupart des nouveaux arrivants. En Afrique, il faut aller sur la Kilimandjaro, en Tanzanie pour l'observer.
Plus étrange encore, c'est la course des Snow mobiles qui vont aussi vite sur la neige que les voitures sur le goudron. Il faut vivre à coté ou avec la neige pour y croire. Cette matière constitue une excellente occasion aux skieurs de rivaliser de talents. Des amis habitués au ski m'ont donné la chance d'essayer ce nouveau sport.
A coté du matériel spécial, pas facile à mettre à première vue, je suis tombé au moins à cinq reprises pour parvenir à glisser quelques mètres, la toute première fois. Pas très compliqué, ça demande un peu d'agilité, de souplesse et de courage, car les fois suivantes, le travail était plus ou moins aisé. Devenu international, ce sport très populaire en Suède, est un exercice complet de l'épanouissement physique et spirituel.
La nouvelle Ecole, c'est aussi la privation, la rupture quasi totale avec les siens et sa culture qui laissèrent en nous une cicatrice indélébile en nos mémoires. La nostalgie de ses préférences et de ses préférés, abandonnés pour de multiples raisons, suscitent des remords lourds à supporter. Mais comme chantait l'artiste français-Claude François?-" tu pleures ou tu ris, après tout c'est la vie..."
Cuisine d'abord, " la vie passe par la bouche", dit une sagesse africaine. Il faut vite apprendre à faire sa cuisine, bonne ou mauvaise, chacun doit préparer sa nourriture. La leçon n'est pas facile à assumer au départ, car ce travail est dévolu aux féminins pour bien de pays africains et arabes musulmans. Manipuler les appareils électroménagers, mesurer le temps qu'il faut pour que la cuisine soit prête, autant de choses qu'il faut bien maitriser à la nouvelle Ecole. La marmite africaine et argileuse à laquelle certains étaient habitués ne cause pas de problèmes, tout se fait en une fois et en même temps.
La cohabitation n'est ps aisée, car pas de critères de choix connus pour placer les cohabitants. Les âgés et les jeunes, les musulmans et les catholiques ou d'autres religions, les instruits et les non instruits, les enfants et les parents, tout le monde cohabite dans une pièce à deux ou plus, s'il n'y a pas assez de places, et doivent trouver un compromis pour leur harmonie.
Difficile aussi la communication car la plupart ne se connaissent pas et ne parlent pas la même langue. Il faut créer d'autres communications gestuelles en tout cas du para langage qui deviendra leur langage conventionnel quotidien. Différents gestes par la main, clin d'œil, hochement de tête, le silence, tout devient en fin de compte langage, il suffit de s'en convenir. Les nouveaux venus doivent ainsi façonner leurs manières de se parler avant de connaître le suédois. Dieu merci, tout se passe bien malgré cette diversité culturelle.
Les différences culturelles
Les poubelles publiques, il faut désormais séparer les déchets métalliques des restes de nourritures, des papiers et autres. Cette démarche hautement salutaire pour l'hygiène commune a été problématique au départ, car bon nombre ne comprenaient pas comment et pourquoi.
Dans les pays africains et non développés en général, l'hygiène publique est laissée aux individus lors des travaux communautaires, ou à des particuliers avec des services dont la qualité laisse à désirer. Il a fallu l'intervention des spécialistes pour expliquer pourquoi et comment il procéder aux nouvelles bonne manière. Les machines à laver, c'est également une autre leçon, car on est habitués à la lessive à la main, un travail qui était encore une fois laissé aux domestiques, chez certains.
La bibliothèque, le seul milieu d'échanges avec le reste du monde. On y va pour envoyer ou lire quelques messages d'un ami mais aussi dans de rares cas pour travailler réellement. L'accueil est jovial,sourire aux lèvres, les bibliothécaires sont gentils et tendres envers les usagers. Toutefois, la carte de lecture est exigée pour l'emprunt d'un d'un livre. Très riche, la bibliothèque dispose des document à majorité. Nouvelle culture, nouvelle Ecole.
Svenska for invandrare, SFI-, Ecole pour apprentissage de langue aux nouvaux venus. Tout le monde est dans le même sac pour débuter, mais la sélection se fait au fur de temps car ceux qui ne savent ni lire ni écrire, se voient releguer dans une classe spéciale. Avec le temps, le prof ou plutôt "l'alphabétisateur" constate ceux qui ont des niveaux plus ou moins égaux et les classent dans une même équipe.
La langue présente des particularités grammaticales, comme d'autres et exige la mémorisation pour bien fixer les mots et leurs genres," la meilleure formule de connaitre le suédois, c'est de mémoriser les mots et leurs genres", aime conseiller le maitre de classe. La vision des choses étant différentes entre étudiants, certains trouvent beaucoup trois heures par jour alors que d'autres les trouvent insuffisantes. C'est une question d'éducation de départ. L'Ecole c'est aussi pour l'amitié et la camaraderie, certains y trouvent des copains et copines, d'autres lient amitiés entre eux et même avec les enseignants. C'est l'Ecole de la nouvelle culture et des bonnes relations sociales.
L'année fait son bonhomme de chemin, et la période macabre de l'hivers s'illumine vers l'horizon, cédant place à l'automne dans une perspective proche de l'été, vrai moment de joies, de plaisirs et d'extase harmonie pour tout le monde.
Sourire aux lèvres, salutations amicales et amoureuses partout, visages détendus, longues marches en compagnie d'amie ou d'un chien, animal ami préféré des suédois, tels sont les quelques signaux annonciateurs d'un climat de repos, de soleil et de bronze chez beaucoup de gens.
Il faut changer les habits et les habitudes de l'hivers en faveur des habits légers de l'été. C'est tout cela, la nouvelle vie, la nouvelle Ecole que le nouvel élève doit connaitre et comprendre.
Eraste Dondogori.
Publié le 26/01/10 par NQ contact@nord-quotidien.com
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