11 Mai 2011 Par osezlefeminisme
Par Iris Naud et Patricia Perennes, de Osez le féminisme !
La Suède est le premier pays au monde à avoir adopté une législation qui interdit la prostitution sans que la personne prostituée ne puisse être poursuivie. La Suède étant au centre des attentions, Anna Skarhed, ministre de la justice suédoise est venue présenter la loi de 1999 abolissant le système prostitueur. Elle a expliqué les conditions du vote de cette loi en 1999 et en a présenté l’évaluation 10 ans après. Les militantes d’Osez le féminisme l’ont interviewée.
Le but de la loi était d’agir sur la demande car s’il n’y a plus de clients, logiquement, il n’y a plus de prostitution. Mais le gouvernement suédois était conscient que la pénalisation du client ne pouvait être la seule mesure pour parvenir à éradiquer la traite des êtres humains. Il y a donc eu un travail très important de fait sur la prévention, l’éducation, et la reconversion des personnes prostituées. Le gouvernement suédois a donc mis en place des moyens financiers très importants pour accompagner la pénalisation des clients de la prostitution. Le rapport parlementaire de la commission présidée par Danielle Bousquet (France) sur l’abolition du système prostitueur s’inscrit parfaitement dans cette lignée : 30 propositions qui mettent en avant la prévention, l’éducation, la reconversion en plus de la pénalisation des clients.
Anna Skarhed a expliqué que la prostitution augmentait chaque année en Suède avant l’entrée en vigueur de la loi de 1999, et qu’au moins 85% des prostituées étaient victimes de traite. Elle a donc mis en avant le fait que « la loi est pour l’intérêt général ».
Elle estime que le débat public est intéressant et nécessaire : « le fait d’avoir une telle loi à l’ordre du jour, ça veut dire que la société discute explicitement de ce tabou » qu’est la prostitution et la traite des êtres humains.
De plus, « la loi a fait évoluer les mentalités », et aujourd'hui, une large majorité de suédoises et de suédois sont favorables à l’interdiction de l’achat de services sexuels. Aujourd'hui en Suède, la loi a eu un effet normatif, « on ne tolère plus le trafic humain ». « L’important ce n’est pas de dire ce qui est bien et ce qui est mal, mais d’aller au-delà, et de discuter la situation ». La Suède a mis en place une politique de la Tolérance zéro pour l’achat de services sexuels : « on ne tolère pas de vivre à côté de personnes exploitées ». Selon elle, « la loi est une très bonne chose, même si on peut encore l’améliorer ».
Le but de la loi suédoise était de réduire le nombre de prostituées en réduisant le nombre de clients. 10 ans plus tard, après une évaluation des effets de cette loi, on peut le dire, c’est un succès et un progrès pour la société suédoise.
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