Milleniumania à Stockholm Devant l’énorme succès remporté par la trilogie policière Millenium (plus de 3 millions d’exemplaires vendus pour la seule Suède qui ne compte que 9 millions d’habitants), le musée de la ville de Stockholm a organisé l’été dernier des visites guidées en suédois sur les lieux de l’intrigue.
Mais vu les rythmes de ventes de l’oeuvre de Stieg Larsson dans les pays francophones et anglophones, le musée propose cette année des circuits en anglais et en français. La vocation du circuit est double : en une heure et demi, on découvre à la fois une partie de l’univers de Mikael Blomqvist et de Lisbeth Salander, les deux héros du polar, mais aussi l’histoire de différents quartiers de l’île de Söder. Un périmètre assez limité en fait.
C’est au numéro 1 de la rue Bellmansgatan que démarre le tour, là où habite le journaliste d’investigation Mikael Blomqvist. La guide, pour nous mettre en jambe et en humeur, commence par lire quelques extraits de la trilogie où le journaliste parle de la situation de son immeuble, de son appartement et des micmacs qui s’y déroulent.
Du Kaffe-bar à Götgatan...
Vue imprenable sur le pertuis de Ridarrfjärden et des îles de la Vieille ville - Gamla stan - et de Kungsholmen. Insalubre au 19e siècle, ce quartier où s’entassait une classe sociale défavorisée vivant dans des conditions déplorables est aujourd’hui classé bourgeois-bohème. Pour rejoindre le Kaffe-bar sur Hornsgatan où Mikael Blomqvist et Lisbeth Salander avaient coutume de se retrouver, on emprunte un itinéraire imaginaire (Stieg Larsson ne l’a jamais décrit explicitement), un raidillon, sublimement touristique, à fl anc de falaise qui surplombe le pertuis de Riddarfjärden.En chemin, on croise Lundagatan, rue défi gurée par l’architectonie socialisante des années 1960, là où Lisbeth Salander possédait un appartement qu’elle avait hérité de sa mère et dont elle fait généreusement cadeau à une copine lesbienne. Sur Sankt Paulsgatan, arrêt devant le numéro 13, la synagogue, où l’agent Bublanski, thuriféraire de la « gothique psychopathe» Lisbeth Salander, aime venir méditer dans le calme des lieux et tenter de s’y retrouver dans l’imbroglio de l’enquête.
Les locaux du magazine Millenium sont abondamment décrits dans la trilogie. Sis sur Götgatan, ils occupent le 2e étage d’un immeuble en coin, juste au-dessus du siège de Greenpeace. Mikael Blomqvist qui a vécu longtemps dans ces locaux pour échapper aux filatures de la Sûreté et autres organismes secrets parallèles, apprécie de se retrouver seul à la rédaction. L’incessant va et vient de cette rue très passante le rassurait.
...via Fiskargatan et le restaurant Kvarnen
De son côté, Lisbeth Salander avait acquis un appartement de rêve sur Fiskargatan dans un immeuble du début du XXe siècle avec vue panoramique sur le pertuis de Saltsjön (la Baltique) et du sud de la ville.
Elle l’avait choisi pour sa situation stratégique (à la pointe d’un triangle où la circulation y est interdite). À la sortie sud du métro de Slussen, après avoir fait quelques courses dans le Seven Eleven de Götgatan, elle avait une alternative pour le rejoindre : remonter Hökens gata ou Svartensgatan.Le groupe d’une quarantaine de fondus de Millenium, dont les langues se sont beaucoup déliées à l’écoute des anecdotes milleniumesques depuis une heure, emprunte naturellement Hökens gata, rue de prédilection de l’héroïne qui en profi tait toujours pour jeter un oeil en direction des locaux de Millenium.
Après la place (hautement touristique) de Mosebacketorg, un escalier d’une dizaine de marches mène à Fiskargatan et aux pénates secrètes de Lisbeth Salander (son appartement de 400 m2 et des poussières avait, dans la réalité, été acquis de manière scandaleuse par un ponte suédois de la fi nance). Descente ensuite des hauteurs de Söder via Östgötagatan pour rejoindre Tjärhovsgatan et c’est devant le restaurant-café Kvarnen (le moulin), haut lieu de rencontre de Lisbeth Salander avec ses copines d’obédience gothique, que s’achève la visite guidée.
Stieg Larsson a parfaitement décrit les quartiers où il résidait lui-même. Les découvrir de visu est une expérience qui va audelà de la simple curiosité. Le faire avec des fans de ce polar « sociologique » confère une dimension d’initié privilégié que la capitale suédoise a raison d’exploiter. Il existait déjà les tours guidés du Stockholm littéraire (les classiques : Strindberg, Bellman et consorts), la découverte des lieux de personnages déjà devenus cultes est un must pour prendre un peu plus le pouls d’un roman policier totalement en phase avec son temps, tant dans les lieux que l’action.
En France, les éditions Actes Sud ont fait paraître un coffret de la trilogie agrémenté des échanges par courriels entre Stieg Larsson (décédé en 2004) et son éditrice. Ce sont les éditions Nordstedts qui ont publié les trois tomes en Suède En Suède, enfi n, les lecteurs de Millenium peuvent voir le premier fi lm inspiré de la trilogie depuis le 27 février et il a déjà battu tous les records.Le film sort en France le 13 mai. Les deux autres films sont attendus pour la fin d’année.
Cet article a été publié le 29/08/2008 sur www.rfi .fr et c’est avec l’aimable autorisation de Radio France International que nous avons mis à jour ce texte. Jean-Paul POURON est le correspondant de RFI en Suède. Pour la radio, il avait fait le Millenium Tour en avant première l’été dernier.
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