Les Suédoises ont conquis leur indépendance avant les Françaises, dès le milieu du XIXe siècle, que ce soit dans la vie privée (égalité des droits des époux dans le mariage en 1921), dans la sphère politique (élection des premières femmes au parlement en 1922) ou pour l'accès à l'éducation.
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Elles représentent aujourd'hui 60% de la population étudiante. La Suède est réputée pour donner une place très importante à la notion d'égalité entre ses citoyens et l'égalité entre les sexes constitue un objectif permanent pour le gouvernement. Ainsi, depuis 2003, la loi permet la discrimination positive en fonction du sexe dans l'enseignement supérieur, l'objectif évident étant de promouvoir l'égalité entre les sexes et d'éviter la discrimination.
Actuellement, une majorité d'établissements met en œuvre cette pratique de discrimination positive dans le cas de deux candidats de niveau équivalent, ou, dans certaines filières spécifiques telles que vétérinaire, dentaire ou psychologie. Or, les femmes obtenant en général de meilleures notes et étant plus nombreuses à candidater, les hommes bénéficient alors d'un traitement préférentiel.
En décembre 2009, la cour d'appel de Stockholm (Svea hovrätt) a déclaré l'Université suédoise des sciences agricoles (SLU) coupable de discrimination envers quarante quatre femmes qui avaient postulé dans le seul programme d'études vétérinaires du pays en 2006 et 2007.
Partant du principe que les femmes étaient surreprésentées dans ce programme, et dans la profession, des candidats masculins leur avaient été préférés malgré des notes inférieures. Mais SLU n'est pas le seul établissement à avoir été poursuivi en justice pour ce motif, d'autres institutions en ont également fait les frais, comme l'université de Lund en octobre 2009. Selon le "Centre pour la Justice" (Centrum för rättvisa) rien qu'en 2009, 5400 candidats auraient été victimes de cette discrimination positive, et 95% d'entre eux étaient des femmes.
A la même période, en décembre 2009, la Délégation pour l'égalité dans les universités (Delegation för jämställdhet i högskolan) annonçait la mise à disposition de près de 25 millions de couronnes (environ 2,5 millions d'euros) pour des établissements de recherche, des organismes gouvernementaux ou des associations, dans le but de financer des actions visant à promouvoir l'égalité entre les sexes. "C'est une opportunité pour les universités de s' améliorer dans ce domaine, elles en ont besoin" déclarait alors Pia Sandvik Wiklund, présidente de la Délégation, faisant référence aux récents démêlés judiciaires de SLU.
Début janvier 2010, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, M. Tobias Krantz déclarait : "Le système éducatif devrait ouvrir ses portes et non les refermer face à des jeunes femmes motivées et prêtes à étudier" et annonçait que le gouvernement s'apprêtait à soumettre une proposition afin de mettre fin à la discrimination positive basée sur le sexe dans l'enseignement supérieur suédois.
La presse suédoise accueille assez positivement cette remise en cause, que le quotidien Dagens Nyheter considère comme une "revalorisation des compétences des candidats". Certains, comme le tabloïd Aftonbladet, proposent d'instaurer un nouveau type de discrimination positive, géographique cette fois, en faveur des régions ou quartiers où peu de jeunes accèdent à l'enseignement supérieur.
- Communiqué de presse du gouvernement du 21 décembre 2009 : http://www.regeringen.se/sb/d/11328/a/137456
Rédacteur : Morgane OLERON stockholm@campusfrance.org
Photo : Niko Södling
Publié le 03/02/10
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