C’est une médaille d’argent qui vaut son pesant d’or qu’Anna Haag s’est offert hier à l’issue de sa formidable course sur le 15 km poursuite (7,5 km classique / 7,5 km libre). Une victoire voulue et bien enlevée qui a prouvé, à ceux qui en doutaient encore, l’immense talent de cette jeune fondeuse de 23 ans plutôt encore méconnue du grand public et dont c’est la première participation aux Jeux Olympiques.
Les journalistes y allaient de leurs commentaires goguenards après sa défaite au 10 km individuel style libre (lundi 15 février), où elle avait raté la troisième marche du podium de 5 secondes. Ils s’accordaient à dire qu’elle avait aussi bien un certain potentiel qu’un potentiel certain mais que cela ne suffirait probablement pas pour s’imposer aux olympiades cette année.
Hier, lorsqu’elle s’élance sur la piste du 15 km poursuite, elle est loin d’être donnée favorite et les commentateurs ne parlent pas du tout d’elle en termes de médaillée pressentie. À partir du km 4, ils notent bien entendu qu’elle est dans le peloton de tête mais sans plus. Ils ne croient pas une seule seconde qu’elle puisse prendre la tête de la course et encore moins qu'elle puisse finir sur le podium.
Anna Haag, quant à elle, elle est toute à sa course. Elle ne se préoccupe ni de ses concurrentes ni des journalistes. Elle se bat et elle se bat merveilleusement bien pour prendre sa revanche sur la course malheureuse qu’elle a faite quelques jours plus tôt. Et, vers la fin de la course, soit près d’un petit quart d’heure avant l’arrivée. Elle nous offre un spectacle à suspens à nous couper le souffle ! Tout va très vite.
Voici les différents épisodes de ce feuilleton à rebondissements sensationnels :
- à la 27ème minute, elle prend la deuxième place du peloton de tête;
- à la 28ème minute, elle en prend la première place;
- à la 30ème minute, elle repasse en deuxième position;
- à la 34ème minute, elle passe en troisième position;
- à la 36ème minute, elle recule en quatrième position.
Les experts pensent bien sûr qu’il en est fait de la jeune nykopingo-orsienne. Mais comme le dit si bien le proverbe ‹‹ il ne faut pas vendre les skis d’une fondeuse avant qu’elle ait passé la ligne d’arrivée ››. Et Anna Haag n’est pas là bien sûr pour vendre les siens à prix d’occasion. Son club de fans, lui, y croit dur comme le fart qu’elle a sous ses skis. Quand elle passe à la 37ème minute, les encouragements fusent : ‹‹ Kom igen Anna ! ››, ‹‹ Kom igen nu! ›› (‹‹ Vas-y Anna ! Fonce ! ›› ‹‹ Mets la gomme maintenant ! ››). Les experts sourient…
La 38ème minute est dramatique. Anna Haag n’étant pas dans le champ de caméra, les commentateurs pensent qu’elle est complètement hors piste, à 10 mètres derrière ses concurrentes. Puis, tout à coup, c’est la surprise. Quand elle réapparaît dans le champ de la caméra, elle n’est qu’à 5 mètres d’elles. Même si ce n’est pas gagné, ce n’est pas perdu non plus.
Anna Haag, qui se dit dans sa tête ‹‹ qu’elle ne veut surtout pas se retrouver quatrième une nouvelle fois ››, ‹‹ que c’est maintenant qu’elle peut gagner une médaille et qu’elle va la gagner ! ››, refait son retard et à la sortie du dernier virage, donc juste avant l’entrée dans le stade d’arrivée, elle jette toutes ses forces dans la bataille finale et cela paye! Elle reprend la deuxième place et elle la garde jusqu’à la ligne d’arrivée qu’elle passe radieusement triomphante. Les commentateurs n’en croient pas leurs yeux mais ils laissent éclater leur joie : ‹‹ Hon kommer fantastiskt bra! ››, ‹‹ Hon gjorde det! ›› (‹‹ Elle pulvérise ses concurrentes ! ››, ‹‹ Elle a réussi ! ››)
Cette victoire au second degré n’en est pas moins pour elle une consécration et elle confirme sa position d’étoile montante dans le paysage du skiathlon puisque cette année elle a remporté la médaille d’or de la coupe suédoise dans cette spécialité. Et Anna Haag n’a pas caché sa joie de remporter cette vitoire : ‹‹ C’est génial ! Je n’ai pas encore très bien réalisé mais je ne me suis jamais sentie aussi bien ! ››, a-t-elle déclaré dans ses interviews.
Moi, de toutes les compétitions que j’ai vues à la télé depuis le début des Jeux Olympiques, c’est cette course-là qui m’a le plus emballée. Je ne sais pas comment vous l’expliquer mais j’ai été dedans tout le temps. C’était super !
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Publié le 20/02/10 par NQ contact@nord-quotidien.com
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