Le "snus", le nouveau filon des cigarettiers

La Suède met les bouchées doubles pour faire lever l'interdiction européenne de son "snus", un tabac à sucer très populaire dans le pays.
Les cigarettiers considèrent désormais ce produit comme un nouveau filon au moment où la cigarette est peu à peu bannie des lieux publics à travers le monde.

Près d'un million de Suédois, placent au moins une fois par jour sous leur lèvre supérieure une boulette ou un sachet de ce tabac humide. Le produit infuse dans la bouche un goût amer et salé et transmet rapidement la nicotine dans le sang.

Les producteurs de cigarettes, qui misent sur l'aspect "sans fumée" pour contrer leur baisse de ventes dans les pays riches, s'intéressent au "snus". Le géant Philip Morris International a créé en février une coentreprise avec le leader suédois Swedish Match, tandis que British American Tobacco (BAT) s'est lancé dans le "snus" en achetant le suédois Fiedler & Lundgren l'an dernier.

La législation européenne sur le tabac "va très probablement être révisée courant 2010, la fenêtre de tir pourrait être à ce moment là", souligne-t-il. Fin juillet, la filiale française de BAT a écrit au président français Nicolas Sarkozy pour lui demander de favoriser la légalisation du "snus" en Europe.

A la faveur de sa présidence de l'Union européenne entamée en juillet, la Suède se retrouve en bonne position pour négocier sur le sujet: le gouvernement a saisi plusieurs fois depuis cet hiver la Commission européenne. Stockholm multiplie les contacts avec plusieurs pays européens sur la question.

"En tant que présidence, vous n'êtes pas supposés mettre à l'ordre du jour ce qui pourrait être vu comme une priorité nationale, ce qui est le cas. Mais d'un autre côté, nous ne pouvons pas exclure que cette question sera posée d'une façon ou d'une autre durant nos discussions", a expliqué à l'AFP la ministre suédoise du Commerce, Ewa Björling.

Réticences des autorités sanitaires
Le gouvernement souligne que d'autres tabacs dit "oraux" sont autorisés et fait valoir que la Suède a un des plus faibles taux de fumeurs et que le "snus" est bien moins dangereux pour la santé que la cigarette. Mais le pays nordique et les fabricants vont devoir batailler avec Bruxelles pour imposer leur produit.

Autorités sanitaires et spécialistes rappellent que le tabac consommé de cette façon est nuisible à la santé et fortement addictif. "Il n'est pas établi que le "snus" joue le rôle de produit de substitution et il y a de bonnes preuves scientifiques que le produit a des effets négatifs sur la santé", souligne l'Institut suédois de santé publique (SFI), dans un rapport publié en mai.

"Il est fortement suspecté que le "snus" augmente le risque de cancer de la bouche et du pancréas, et également de maladies cardio-vasculaires", précise Anders Ahlbom, professeur à l'Institut Karolinska. Et l'expert de l'institution médicale la plus réputée de Scandinavie de s'interroger: "On a réussi à préserver plus de 400 millions d'Européens du "snus". Pourquoi l'introduire, juste parce que l'industrie du tabac le veut ?"

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