La Suède reconnaît publiquement le génocide de 1915 perpétré par la Turquie contre les Arméniens, les Assyro-Chaldéens, les Syriaques et les Grecs Pontiques.
Ce jeudi, 11 mars, à 16 h, le parlement a adopté la proposition pluripartite posant la reconnaissance du génocide de 1915 qui avait été déposée par la Coalition des Rouges & Verts, par 131 voix pour le ‹‹ Oui ›› contre 130 pour le ‹‹ Non ››. Jamais l’expression ‹‹ une voix peut faire la différence ›› n’aura trouvé plus juste contexte d’application.
Cette proposition a pu être adoptée grâce au vote de quatre députés de l’Alliance pour la Suède qui se sont désolidarisés de leurs collègues de la majorité pour se rallier aux députés de l’opposition : Gulan Avci (parti libéral), Agneta Berlinder (parti libéral), Anneli Enochson (parti chrétien-démocrate) et Göran Tingwall (dissident du parti modéré).
Ce n’est qu’une simple phrase mais il aura fallu près de dix ans pour qu’elle soit prononcée et les parlementaires qui ont fait qu’elle soit prononcée n'ont pas agi sans un certain courage car ils étaient tout de même conscients que leur décision allait susciter une âpre confrontation politico-diplomatique avec la Turquie qui a d’ailleurs rapidement pris des mesures de rétorsion.
Zergün Korutürk, l’ambassadeur de Turquie, qui assistait au débat au parlement a été rappelée à Ankara dès que la reconnaissance officielle a été annoncée. Et peu après était annoncée l’annulation, par le premier ministre lui-même, Recep Tayyip Erdogan, de sa visite officielle prévue pour la semaine prochaine.
Carl Bildt, le ministre des affaires étrangères, a qualifié la décision de ses compatriotes de ‹‹ fort regrettable ››, arguant notamment du fait que c’était ‹‹ une erreur que de vouloir politiser l’histoire de cette manière ›› et que cela rendait ‹‹ plus difficile l’action de la Suède pour la réconciliation ››.
Une déclaration pour le moins curieuse vu que la Suède rejoint tout simplement la sphère des pays ou des organisations internationales ayant reconnu le génocide, à dont l’Uruguay, la Russie, la Grèce, la Belgique, l’Allemagne, la France, les États-Unis et le Parlement européen, pour n’en citer que quelques-uns. Et que la Turquie a exactement la même attitude envers la Suède que celle qu’elle a eue envers chaque pays qui a reconnu le génocide.
Le plus important reste que la Suède ait accompli cet acte de reconnaissance et que son geste apporte enfin comme un apaisement moral aux communautés dont les membres ont été touchés par les atrocités commises par les Turcs il y a quatre-vingt-quinze ans.
Publié le 12/03/10 par NQ
2 Réaction:
La reconnaissance d'un génocide, même si elle est faite par un parlement, n'est pas un acte politique, mais un acte humain, déontologique, éthique. L'histoire (en l'occurence celle du génocide arménien) n'est pas écrite par les politiciens, puisqu'elle l'est déjà par de nombreux historiens mondiaux éminemment reconnus (y compris un historien turc Taner Akçam qui a consulté les archives MILITAIRES de la Turquie).
J´estime que c´est un acte courageux de la part du parlement suédois d´avoir reconnu le génocide arménien.D´un autre côté,je suis étonné que Carl Bildt et Fredrik Reinfeldt pensent que cela était malencontreux.
La Turquie qui a succédé à l´Empire Ottoman devra un jour à l´autre reconnaître ce génocide où Kurdes et Turcs se rejettent la responsabilité.
Si la Turquie refuse de reconnaî-tre ce génocide,c´est surtout pour éviter d´indemniser les familles qui ont perdu la vie en ce temps.
L´Allemagne a bien indemnisé dans son ensemble les familles qui ont péri dans les camps.La France a reconnu bien tardivement le rôle de Vichy durant la Seconde Guerre mondiale grâce à Jacques Chirac.Sarkozy,lui,a reconnu le rôle de la France dans le massacre de Rwanda en s´excusant sans dire pardon.
Bref,tout cela,pour dire,que les massacres se poursuivront malgré les gens de bonne volonté qui disent " Jamais plus cela ".
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